Souvenir de jeunesse : GADOUE VILLE
Pourquoi Gennevilliers gadoue-ville ?
Premier épisode :
Dans les années 50, Gennevilliers n’avait pas encore les moyens de transport d’aujourd’hui. Pas de métro, ni de RER mais notre richesse était dans les fossés, fossé de l’aumône, fossé du Luth, fossé blanc, les anciens fossés des eaux d’épandage de la ville de Paris de la fin du 19éme siècle qui nous faisaient l’insigne honneur de nous offrir ses eaux usées, en un mot des égouts à ciel ouvert.
Mais selon Lavoisier « Rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme ! », nos grands-parents convertissaient cette offrande en engrais et le maraîchage gennevillois s’épanouit : le poireau de Gennevilliers fut notre emblème. Je crois que le record fut un poireau de 1200 grammes répertorié dans le catalogue de jardinage CLAUSE. Plus tard quand les eaux usées furent dirigées vers Achères à 35 km de Paris, nos fossés saturés de tous les engrais parisiens furent asséchés et, comme la nature a horreur du vide, des jardins s’y implantèrent. A l’époque il y avait plus de 20 maraîchers qui cultivaient des légumineux et des centaines de petits jardins sur les emplacements de ces fossés qui avaient longtemps régalé les gennevillois surtout par leurs odeurs.
Je me souviens encore de certains petits chemins en terre battue, car le bitume n’avait pas encore assainit nos rues, mais nous étions bien équipés pour arpenter les trottoirs, avec nos galoches, les terrains de tennis n’avaient pas encore droit de cité. Nous arrivions bien crotté à l’école, lorsqu’il pleuvait, et nous avions surnommé notre belle ville « Gadouville les eaux grasses ».
Comme les temps ont changé, mais cela est une autre histoire !
Souvenir de jeunesse
Deuxième épisode :
A l’épisode précédent nous en étions resté aux sentiers battus de notre ville. Il y avait beaucoup moins de voitures qu’aujourd’hui. Dans ma famille, grande famille nombreuse de Gennevilliers, seulement un oncle possédait une voiture, une 203 Peugeot, il habitait Paris dans le 17ème, il trouvait facilement de la place pour se garer lorsqu’il venait nous souhaiter la bonne année. A l’époque des cabriolets tirés par un cheval circulaient dans nos villes. Les brasseurs de bière livraient leurs caisses avec des carrioles tirées par 2 juments, l’écologie avant l’heure quoi !
Comme cadeau d’anniversaire, pour mes 20 ans, je fut enrôlé dans l’armée française pour y accomplir mon service militaire.
Je fus absent de Gennevilliers 28 mois à expliquer à des gens qu’il ne servait à rien d’être indépendant et de pouvoir disposer de sa liberté d’expression et de décision. C’est très certainement la période la moins glorieuse de mon existence que d’avoir, malgré moi, été complice de gens qui faisaient passer leurs intérêts avant les biens collectifs.
En 1961 je revenais en France et la première chose que je fis fut d’enfourcher le vélomoteur de mon père pour faire le tour de Gennevilliers, un « bain de Jouvence ». Je quittais donc la rue Robert Pottier où j’habitais en direction d’Asnières où logeait ma tante, à hauteur de la Couture d’Auxerre. Je m’attendais à faire du toboggan pour traverser le Fossé de l’Aumône. A ma grande surprise les jardins avaient pratiquement disparus et des logements neufs s’étendaient sur 1,5 km jusqu’à l’ancienne rue des Bas. J’étais dépaysé, je rentrais dans une nouvelle dimension : l’ère du relogement.
Avec le recul force est de constater que les choses, loin de se calmer, ont pris de l’ampleur car aujourd’hui c’est par milliers que l’on peut compter le nombre de logements. Gadouville a bien changé! Et changé en bien.