Le boulevard Camélinat

Zéphirin Camélinat (1840-1932)

Camélinat, Zéphirin de son petit nom, naît le 14 septembre 1840 à Mailly-la-Ville (dans l’Yonne, près d’Auxerre). Son père, Rémy – surnommé « Camélinat le Rouge » (les chiens ne font pas des chats), est vigneron et tailleur de pierre. De sa mère, on ne sait malheureusement rien, si ce n’est qu’elle mit au monde 5 enfants, dont 4 vécurent : Zéphirin, Lin (né en 1843), Lié (né en 1849) et Marie (née en 1853).

À dix-sept ans, Zéphirin quitte Mailly où jusqu’alors il travaillait avec son père comme vigneron (lorsqu’il n’était pas occupé à pêcher, passe-temps qu’il prisa toute sa vie). Les vignes ayant gelé, il part avec des cousins biner des betteraves à Ozoir-la-Ferrière (Seine-et-Marne). Un mois passe. Les cousins reviennent à Mailly, mais Zéphirin gagne la capitale. Arrivé à Paris, il loge 22 rue Volta (dans le IIIe arrondissement), chez une dame Reuss, originaire de Mailly et amie de sa mère. Et il travaille avec le mari, fabricant de tubes de cuivre. Il s’inscrit aussi aux Arts et Métiers, et à l’École Turgot pour suivre des cours d’anglais. Un jour qu’il livre des tubes chez l’imprimeur Decoster, un client engage la conversation avec lui et l’invite à le venir voir chez lui. Le dimanche suivant, Zéphirin se rend à l’invitation et fait la connaissance du journaliste (et précurseur de l’anarchisme) Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865). Reuss le place ensuite chez un fabricant de petits bronzes, au 71 rue des Gravilliers, où il devient monteur en bronze et ciseleur. Charles Garnier, architecte de l’Opéra, fait appel à lui pour exécuter les palmes de bronze de deux mille kilos et les aigles qui surmontent les colonnes de granit rose entre lesquelles on plaça son buste. Il garde Zéphirin avec lui pendant cinq ans.

Très tôt préoccupé de la cause ouvrière, Zéphirin Camélinat signe en 1864 le fameux « Manifeste des Soixante » en faveur des candidatures ouvrières. Il devient peu après l’un des premiers adhérents de l’Internationale et membre de la commission adjointe au premier Bureau de Paris. C’est dans ce cadre qu’il assiste au premier congrès de l’Association Internationale des Travailleurs (AIT ou 1ere Internationale) tenu à Genève du 3 au 8 septembre 1866.

En février 1867 éclate à Paris la grève des bronziers, menée par la Société ouvrière du Crédit mutuel du bronze dont Zéphirin est un des dirigeants. L’Internationale soutient le mouvement et Camélinat se met en route pour Londres pour afin de recueillir des fonds auprès des organisations ouvrières d’outre-Manche. La grève est finalement victorieuse, les salaires augmentés de 25 %. A peine âgé de trente ans, Zéphirin Camélinat est déjà l’un des responsables de l’Internationale en France.

En juillet 1870, il signe le Manifeste de l’AIT contre la guerre franco-allemande, adressé aux travailleurs de tous les pays. Au nom des sociétés ouvrières et des sections françaises de l’AIT, il signe également l’Adresse au peuple allemand pour qu’il mette fin à la guerre et fonde, avec le peuple français, les États-Unis d’Europe, publiée le 11 septembre 1870. Mais Zéphirin est finalement mobilisé. Durant le siège de Paris, il est porte-drapeau du 209e bataillon de la Garde nationale et se bat à Champigny et à Montretout. Devenu Ministre de l’Intérieur du gouvernement de la Défense nationale autoproclamé, Léon Gambetta (1838-1882) lui confie la mission de réquisitionner le bétail jusqu’à Corbeil. Affecté à la mairie du XIe arrondissement où il habite, il se consacre ensuite à des tâches d’entraide.

Le 18 mars 1871 naît la Commune de Paris ! Camélinat s’occupe d’abord de la Poste avant d’être nommé directeur de la Monnaie le 3 avril. Il réorganise l’entreprise et fait frapper, avec la fonte d’une partie de l’argenterie impériale récupérée dans les palais, des pièces de 5 francs. Le 25 mai 1871, il assiste à la mort du journaliste et éminent représentant de la Commune Charles Delescluze (1809-1871) sur la barricade de Château-d’Eau, ainsi qu’à la blessure mortelle d’un autre membre élu, également journaliste, Auguste Vermorel (1841-1871). Zéphirin Camélinat demeure quant à lui à la barricade de la rue des Trois-Bornes (dans le XIe arrondissement) jusqu’au dernier moment. C’est un certain Jault, devenu directeur de la police municipale sous la Commune, qui le sauve en l’envoyant chez des amis, les Bordier (elle est ouvrière dans une fabrique de mèche, lui ouvrier cordonnier), qui habitent une maison rue Moret (XIe arrondissement). Ceux-ci lui taillent la barbe et le cachent durant trois mois.

Début septembre, Camélinat part pour l’Angleterre avec le passeport que lui a procuré un ami ciseleur. Le 12 juillet 1872, le 19eme conseil de guerre le condamne par contumace à la déportation dans une enceinte fortifiée « pour insurrection, pillage et vol à la Monnaie de cent cinquante-trois mille francs ».

En exil à Birmingham, Camélinat vit de son métier d’ouvrier en bronze et se fait inscrire aux Trade-Unions, l’organisation fédérant les syndicats britanniques fondée en 1868. Il est aussi l’un des premiers membres (et le trésorier) de la section fédéraliste française de 1871, organisée en août à Londres, et appartient au Cercle d’Études sociales de Londres, section de l’Internationale, dont il devient un des dirigeants en mai 1872.

Camélinat vivait en France avec Zoé Angélina Garancher, ouvrière passementière qu’il ne put épouser parce qu’elle était déjà mariée et dont il eut, semble-t-il, six enfants : Aline naît à Paris en mai 1865, Georges Zéphirin en mars 1866, une fille mort-née en juillet 1867, Eugène en août 1868, Georgette Eugenie en septembre 1869 et Albert naît à Londres en 1872, mais ne vit que deux mois. Détenue après la Commune durant six mois, Zoé Angélina le rejoint ensuite à Londres, mais meurt de phtisie le 10 septembre 1873. Le 1er aout 1874, Camélinat se marie avec Emma Watson, une Anglaise née en France, et deux filles naissent de cette union : Zélie, en 1875 et qui mourut après la seconde guerre mondiale, et Berthe, née en 1878 et décédée à Mailly-la-Ville en novembre 1943. Emma mourut à Paris le 26 janvier 1903.

Gracié le 5 juin 1879, Zéphirin Camélinat revient en France en 1880 puis s’y réinstalle définitivement quelques années plus tard. Comme syndic du syndicat des ouvriers monteurs en bronze, il est délégué des chambres syndicales parisiennes aux expositions internationales d’Amsterdam, puis de Boston.

Le 4 octobre 1885, Zéphirin Camélinat est élu député socialiste indépendant de la Seine. Dans L’Intransigeant du 23 octobre 1885, il s’adressa en ces termes à ses électeurs :

« Ancien militant de l’Internationale, ancien combattant de la Commune de Paris, je m’efforcerai d’être à la Chambre l’homme de mon passé, communaliste et socialiste. ».

Il siège à l’extrême-gauche à la Chambre des Députés et participe, en 1886, à la création du Groupe ouvrier, qui rassemble une vingtaine de députés. Il défend notamment la révision de la Constitution dans un sens « républicain socialiste », l’indemnisation des accidents de travail, l’aide sociale pour les personnes handicapées, la limitation du travail des enfants, la séparation de l’Église et de l’État et la gratuité de la justice.

En 1886, Camélinat se rend à Decazeville pour soutenir les mineurs en grève et intervient à ce sujet à la Chambre en décembre. Six mois plus tard, il l’interpelle à nouveau à propos d’une grève à Vierzon.

Non réélu aux élections de 1889, il se lance en tant que représentant en vins. C’est aussi à cette époque qu’il adhère à la franc-maçonnerie et est admis à la loge « Les Trinitaires » (il y est élevé au grade de Rose-Croix des Maîtres en février 1892, avant d’en être radié en février 1914).

Il se présente aux élections municipales le 7 décembre 1890 dans le XIXe arrondissement (quartier du Combat), sous l’étiquette blanquiste, mais ne recueille que 154 voix. Zéphirin Camélinat est, par la suite, maintes fois candidat aux élections législatives : en août 1893, à Paris ; en mai 1898 dans l’arrondissement de Valenciennes (Nord) ; en avril-mai 1902 et mai 1906 dans l’Yonne ; aux élections sénatoriales : en janvier 1900 et 1909 dans la Seine ; aux élections municipales complémentaires de mai 1907 dans le XIXe arrondissement (quartier d’Amérique). Mais il est toujours battu. Le 21 juillet 1896, il plaide la cause de l’unité :

« Il est temps surtout, écrivait-il, que les socialistes, dans l’intérêt général, dans l’intérêt de l’humanité tout entière, fassent taire leurs dissensions, pour faire corps contre l’ennemi commun, qui ne puise sa force que dans leurs divisions »

Jusqu’à la Première Guerre mondiale, Zéphirin Camélinat demeure un militant actif. Il appartient à l’Association fraternelle des anciens combattants et amis de la Commune, fait partie de la commission administrative du Parti Socialiste SFIO dont il est le trésorier ainsi que celui du Syndicat de la presse socialiste.

En 1914, il se range dans la majorité socialiste favorable à la défense nationale et quitte progressivement le bureau du parti, à partir d’octobre 1918, quand se renverse la majorité dans les rangs socialistes. Au lendemain du congrès de Tours (du 25 au 30 décembre 1920), il demeure avec la majorité du parti qui adhère à la IIIe Internationale. Camélinat, qui détenait des actions de l’Humanité, les partage en fonction des voix recueillies à Tours. Quant aux siennes propres et à celles de ses enfants, il les remet au Parti communiste pour lequel il demeura durant douze ans le vétéran souvent donné en exemple.

En juin 1924 (et à 84 ans !) il est candidat à la présidence de la République, puis aux élections sénatoriales en 1925 et 1927. En 1929, il devient président de l’Association des anciens combattants et amis de la Commune de Paris et participe à la première édition de la Fête de l’Humanité en 1930.

Sa mort, le 5 mars 1932, fut l’occasion d’une très grande manifestation. Les membres de la famille, suivis des dirigeants des Amis de la Commune, du Comité central du Parti communiste avec Marcel Cachin, Maurice Thorez, Jacques Duclos… et de la Commission exécutive de la CGTU, conduisirent à la gare de Lyon le corps qu’accompagnaient 125 drapeaux et bannières et une quarantaine de couronnes. L’inhumation eut lieu le dimanche 13 mars à Mailly-la-Ville.

 

            Camélinat, la rue

 

Plusieurs villes de France ont donné le nom de Camélinat à une de leurs voies (Le Havre, Saint-Etienne, Mailly-la-Ville), en particulier en Île-de-France : Alfortville, Athis-Mons, Aulnay-sous-Bois, Bagnolet, Bezons, Le Blanc-Mesnil, Bois-d’Arcy, Goussainville, Malakoff, Montreuil, Mantes-la-Ville, Nanterre, Pierrefitte-sur-Seine, Rosny-sous-Bois, Saint-Denis, Savigny-sur-Orge, Sevran, Villejuif, Viry-Châtillon ou encore Vitry-sur-Seine.

A Gennevilliers, l’odonyme apparait pour la première fois dans le cadastre de 1934, en remplacement du « boulevard circulaire d’Epinay ». Sans doute le boulevard a-t-il été baptisé ainsi après la mort de Zéphirin Camélinat, soit entre 1932 et 1934.

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